Aider les enseignants à exploiter le potentiel pédagogique de leur plateforme de formation
Abstraire le métier technique de conception des plateformes pour élaborer des scénarios pédagogiques graphiques opérationnalisables
Les plateformes de formation à distance comme Moodle sont aujourd’hui largement déployées dans les institutions académiques. Leurs usages ne sont plus limités à la formation à distance. Pour autant, les enseignants concepteurs n’ont pas ou peu de formations abordant la conception d’activités pédagogiques riches sur ces plateformes. Ils ont généralement une vision fonctionnelle orientée « outils » et doivent bien souvent découvrir seuls les usages potentiels en détournant l’utilisation des outils, en étudiant les différents paramétrages techniques proposés, etc. Le manque d’outils-auteur spécifiques à leur plateforme ou bien d’outils de conception générique leur garantissant que les scénarios conçus seront opérationnalisables automatiquement sur leur plateforme, les amène à concevoir en même temps qu’ils configurent les activités pédagogiques. L’objectif est de proposer aux enseignants des langages graphiques de conception, et leurs éditeurs associés, spécifiques à leur plateforme. Ces langages/outils devront proposer une abstraction suffisante du métier technique de conception pédagogique de la plateforme afin de permettre aux enseignants de spécifier des scénarios en se focalisant sur les aspects pédagogiques. Aussi, les scénarios produits devront pouvoir être exploités par la plateforme afin de préconfigurer automatiquement l’espace-cours équivalent et ainsi faciliter la mise en œuvre technique.
Une approche centrée plateforme à base de modélisations et d’abstractions
Les approches traditionnelles de conception consistent à proposer des langages de conception indépendants des plateformes de formation. Cette approche répond au besoin d’expressivité pédagogique mais rencontre des difficultés pour exploiter les scénarios produits : la mise en correspondance avec les aspects techniques des plateformes entraine des pertes d’informations et de sémantique d’autant importantes que les deux métiers de conception (langage et plateforme) divergent. Notre approche est inverse. Nous souhaitons identifier, expliciter et formaliser le métier de conception implicitement dissimulé derrière les aspects techniques de la plateforme. Ensuite, nous cherchons à l’abstraire pour l’enrichir en termes de concepts et propriétés pédagogiques que l’on saura traduire sans perte en termes techniques. Les langages de conception sont alors spécifiques, par construction, à une plateforme de formation cible. Les scénarios produits seront opérationnalisables via un module d’import pour la plateforme. Un cadre théorique et outillé à base d’Ingénierie Dirigée par les Modèles est exploité pour réaliser nos objectifs.
Nous avons proposé une méthode pour identifier et formaliser leur métier de conception pédagogique implicite sous forme de méta-modèle. Nous avons exploré une approche d’extension du méta-modèle initial afin de l’enrichir avec des activités pédagogiques capturant les usages récurrents qui peuvent être réalisés avec les fonctionnalités de la plateforme. Couplé à une notation graphique ce nouveau méta-modèle a permis l’élaboration d’un langage de conception dédié à Moodle proposant un ‘export ‘ au format de la plateforme, importé par l’enseignant, coté plateforme, via une API développée.
Le projet GraphiT a permis de rassembler des enseignants-chercheurs ayant des orientations de recherche différentes (Ingénierie des Besoins, Ingénierie Dirigée par les Modèles) autour d’un même objet de recherche (les plateformes de formation) et de thématiques transversales (conception pédagogique et opérationnalisation). De très nombreuses communications scientifiques (articles, chapitre et revue) ont été produites et oralement présentées auprès de la communauté scientifique internationale.
Le projet jeune chercheur GraphiT est un projet de recherche de type design recherche qui a impliqué plusieurs chercheurs de l’équipe IEIAH (Ingénierie des EIAH) du laboratoire LIUM de l’Université du Maine. Le projet a commencé en février 2012 et a duré 44 mois. Il a bénéficié d’une aide ANR de 157 568 €.