Séminaire d’Antoine Tholly, Post-doctorant au LIUM

 

Date: 17/05/2024
Heure : 10h00
Lieu : IC2, Salle des conseils
Intervenant : Antoine Tholly
 
 

La prosodie vue sous l’angle des relations sémantiques : le cas de la voix imitative des mots

 
La prosodie imitative est un secteur particulier de la prosodie/intonation : ce sont des figures de style qui aident à imaginer le contenu des mots ciblés (par des variations de mélodie, de volume sonore, de tempo, de timbre). Par exemple, si j’accélère ma voix tout en décrivant une action rapide, j’imite cette action. En termes plus linguistiques, on dira qu’il s’agit d’un signe prosodique, dont la forme simplifiée est /accélération/, et dont la signification est ‘mouvement rapide’. À l’opposé, la forme inverse aurait pu être utilisée pour une signification inverse (un ralentissement pour une action lente). Ou alors, la même forme aurait pu être utilisée par une signification en partie identique et en partie différente (la représentation d’une force brusque, plutôt qu’un mouvement brusque). Ce sont de multiples mécanismes de ressemblance qu’enchevêtre la prosodie imitative. Son étude permet alors d’introduire à un public de linguistes ou de non-linguistes certains des procédés fondamentaux de l’analyse linguistique à tendance sémiotique :

  • la motivation : une certaine forme est suggestive d’un certain sens, n’est pas arbitraire. La voix imitative cumule différents procédés de motivation.
  • la pertinence : la voix ne sélectionne qu’une partie du sens des mots ciblés. Une chaîne sémantique particulière relie l’imitatif (la prosodie) et l’imité (les mots).
  • la polysémie : plusieurs sens émergent d’une même forme. Ces sens sont reliés entre eux : une partie du sens est identique (et une autre partie du sens est différente).
  • l’actualisation : comment ces parties de sens sont-elles alors interprétées ? Grâce au contexte et/ou indépendamment du contexte ? Une partie du sens peut venir des mots ciblés (cf. relation de pertinence), et une partie du sens peut émerger des suggestions de la forme (cf. relation de motivation).
  • la catégorisation : comment classer la diversité des signes prosodiques imitatifs ? Ils ressemblent par certains aspects à des signes grammaticaux (par exemple la mise en saillance d’un mot), et par d’autres aspects à des signes lexicaux (en ce qu’ils produisent des représentations thématiques, par exemple dans le domaine du mouvement ou dans celui de la force).

 
Lien du support de présentation : https://drive.google.com/drive/folders/16iM0aKC5MAmd3BbTdGazXX0vxXFYrOPp?usp=sharing